Édition – Février 2008
Quelques jours avant ses menstruations, Josée a des idées suicidaires. Elle vient se faire masser, aujourd’hui, par une de ses journées cruciales. J’écourte sa consultation pour passer à la table dare- dare. Et puis, c’est inutile de la laisser décrire ses symptômes, cela tourne en vocifération. Elle mord dans ses gros mots, maudissant le Créateur qui a mélangé neurones et hormones.
Je vous le dis tout de suite, l’abandon corporel va accomplir une merveille. Josée va sortir de son massage, métamorphosée, l’utérus gazouillant et les ovaires rebondissant entre sternum et sacrum. Il n’y a pas de quoi rester à plat ventre. Tout s’explique!
En effet, les jours précédant les règles de Josée sont loin d’être de tout repos. Outre les ballonnements et les maux de tête, les relations avec ses proches tournent au vinaigre, et même à l’acide sulfurique. Sa soeur Ginette lui avait dit d’aller voir un masseur. « Et quoi encore! rétorque-t-elle. Crois-tu que j’ai le goût de me faire brasser la sacoche? J’ai les seins qui réagissent au moindre courant d’air et à chaque battement de coeur, mes oreilles boursouflent. En as-tu d’autres idées comme ça? Une thalasso à Guantanamo peut-être? »
Ginette se doutait bien que Josée allait muer à son rythme. Elle-même s’était pointée avec désinvolture à son premier massage. Elle fut étonnée de sa pertinence, son efficacité, et comble de tout, son agrément. L’histoire de Ginette est simple et commence par – Il était un foie!- Ses symptômes sont bel et bien cycliques, mais son organe dominant étant le Foie, lorsqu’il est en dissonance, elle réagit de manière excessive aux moindres contrariétés. Irritabilités, raideurs musculaires, ongles cassants, carence en acide gras. La solution : masser principalement les membres inférieurs et la nuque, avec les huiles essentielles de citron, romarin et thym. Ensuite, il faut catalyser l’énergie qui circule entre le foie et la vésicule biliaire.
Elle pensait pourtant être traitée de la même façon que sa jeune cousine Chantal. Alors que l’organe dominant de Chantal est la Rate. Lorsque la rate est en dissonance, elle est désemparée, hypersensible, mange trop, a mal à la tête et a les poumons congestionnés. La riposte consiste à masser la cage thoracique, les lombaires et les cuisses avec des huiles essentielles de sauge sclarée, de basilic et d’anis.
À GLANDES ÉCHELLE
Bon! Vous me voyez venir. Chaque personne a un organe dominant, c’est une des pistes définissant le profil physique et comportemental d’une personne. C’est la porte d’entrée à son univers, pour prendre contact avec la particularité de son équilibre, entre ses systèmes nerveux, respiratoire, digestif et vasculaires dans leur interdépendance et leur polarité. Rien de moins.
Depuis que Josée s’abandonne, son système immunitaire se tonifie, ses glandes ne glandouillent plus. Elle est passé de moche à moins poche, se rétablissant la sacoche. Oui, c’est la vessie qui fait des siennes et puis immanquablement les reins. En effet, le Rein en dissonance est prédisposé aux allergies, aux acouphènes, aux infections urinaires et il a tendance à être mélancolique et refoulé. Le massage des lombaires, des hanches et des chevilles est priorisé. Les huiles essentielles utilisées sont la gaulthérie, la camomille romaine et le céleri. L’exercice approfondi révèle que c’est son système immunitaire qui demande à être tonifié. Les chaînes glandulaires profitent d’une nouvelle énergie et le processus d’autoguérison se vitalise.
EN SAIGNEMENT COLLÉGIAL
Chantal avait cassé le cycle infernal plus rapidement, car elle était venue dans les premières années de ses règles. Elle voulait soulager ses douleurs menstruelles et corriger l’irrégularité de ses cycles. C’est lors d’une crise affective, comme cela se produit souvent, que le délabrement hormonal fut à son comble. Autant aller se faire masser! Sans imaginer qu’il pouvait tomber une aussi belle neige en enfer. Les bleus du cycle infernal pouvaient se transformer en bleu céleste de l’abandon!
Josée a mis plus de temps que Chantal, à se décider. Les saisons se suivaient et ce n’était jamais le temps de faire des démarches concrètes. « Je savais ce qu’il fallait faire, rouspète-t-elle, mais je restais dans ma tanière à prendre un verre de vin, à lire les saintes écritures me révélant les damnations d’une bédaine maudite, avec ma bouillotte. »
Elle a progressivement identifié son biorythme, en se modérant le balancier qui valsait entre l’hypersensibilité et l’hyperémotivité, puis entre les sensations et les émotions confuses, pour devenir un mouvement oscillatoire stable, brassant une douce énergie veloutée. Il n’y avait plus d’infernale que cette énergie animale, ce feu qui brûle les pages de calendriers et les prescriptions.
Auteur :
Pierre Buron
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