Édition – Novembre 2006
Christine est chanteuse classique et se fait masser deux fois par saison. Aujourd’hui, avec ses vêtements bouffants et colorés, elle ressemble à une bouée maritime. Parce qu’elle habite au Vieux Port, je lui suggère de porter une tuque à pompon lumineux, il n’y a pas un paquebot qui va la rater ! “Tu es certain que ta table va tenir le coup, me dit-elle. Je ne sais même plus quelle position prendre pour me coucher confortablement. Je peux bien être boursouflée, mes cours d’accouchement naturel me font pomper à m’étourdir.” – Christine est enceinte jusqu’aux amygdales et elle est pleine…de bonheur.
Il y a plus de dix ans, son professeur de chant lui avait conseillé le massage pour décrocher du fixe de la respiration. La respiration n’est pas une affaire cérébrale et la matière grise est plutôt réfractaire au courant d’air ! Comme les battements du coeur, les respirations dépendent du cerveau primitif. Il faut permettre à cette conscience profonde, de se révéler, de s’accomplir totalement. Les troubles respiratoires sont souvent liés au déséquilibre du système nerveux et du foie auquel s’ajoute un affaiblissement du système immunitaire. Si vous êtes tendu et contrarié, la résistance vous oblige à chercher votre souffle et comme celui-ci est le prélude à toute inspiration… Le massage mène à cette écoute patiente du moment présent, à cette adéquation de se ravitailler en fonction de ces besoins concrets, en permettant au corps intelligent de révéler SA manière de délivrer une tension. Le massage du gros intestin est souvent efficace et les manoeuvres d’effleurage comme les vibrations améliorent l’oxygénation transcutanée. Les huiles d’eucalyptus radié, de niaouli et de ravensare délogent particulièrement ces tensions.
SE CALMER LE POMPON PAR LE POUMON
Christine se rappelle de ses efforts à respirer, générant plutôt d’autres tensions. Bien sûr, elle a considéré la qualité de l’air de son condo, recyclé, conditionné, contaminé ou ranci. Comme dans bien des cas, plutôt qu’un agent agresseur, il s’agit d’un révélateur d’une faiblesse. Si l’équilibre de notre métabolisme est rompu, le dysfonctionnement de notre organe dominant engendre des troubles distinctifs. Des problèmes du fonctionnement du poumon peuvent engendrer une sécheresse de la peau, une transpiration excessive et une plus grande vulnérabilité aux facteurs externes de maladies. Ce ne sont pas les tensions du poumon mais bien celles du corps dont il faut se préoccuper. Christine reconnaît qu’en percevant les sensations intérieures de son corps, elle touche à son être authentique. Il est salutaire d’être totalement présent et attentif à la zone tendue pour la délier. N’est-ce pas la base essentielle de toutes approches holistiques? Combien de personnes ont cru faire une grande découverte par les approches orientales, alors qu’elles se sont tout simplement laissées, enfin, à respirer de partout? Dans les moments de panique, il faut que quelqu’un nous le rappelle, si nous n’avons jamais apprivoisé cet aspect : “Calmez-vous, respirez, détendez-vous.”
Respirer implique tout le corps et engendre l’auto-massage naturel. Elle masse nos organes internes et la détente se propage dans le système neurovégétatif et agit sur les ganglions. Ce massage revitalise les cellules, les tissus et les organes. Le système immunitaire s’améliore entraînant ainsi un meilleur état d’esprit. Grâce à cette sensibilité, et en particulier son expansion vers les parties inconscientes qui nous composent, nous pouvons enfin nous mettre à ressentir les forces émotionnelles et physiques qui agissent sur notre respiration. Parmi les facteurs déterminants pour l’équilibre neuro- hormonal, il est souvent question du climat psychologique du milieu familial et de l’envahissement ou l’absence de contacts dans le quotidien.
NAISSANCE ET CONNAISSANCE
“Ce réalignement du corps, encouragé par le massage, cette tonicité que j’acquière tranquillement, dans tout mon squelette, fait une différence dans mon chant et particulièrement au niveau du mouvement du diaphragme,” m’avoue Christine. “En me concentrant ces derniers mois particulièrement sur le périnée, j’ai pu percevoir des sensations précises, de dilatation ou de circulation d’énergie. Je peux maintenant appliquer mon souffle sur n’importe laquelle des parties de mon corps. J’imprègne mes orteils, je soupire dans mes omoplates et je siffle par le nombril. Je chante, dans toutes mes fibres, des tonalités de toutes les couleurs. Je suis énergie éolienne, je suis énergie marée motrice, je suis centrée et solide comme un phare.”
Avouez que je n’étais pas très loin, avec ma bouée à pompon lumineux ?
En donnant naissance à un beau garçon, Christine a aussi réalisé cette remarquable capacité qu’a le nouveau-né, dès les premières minutes de sa vie, à produire un son aussi puissant. Si son environnement ne lui impose pas trop de retenue, les cris, les rires et les souffles d’émerveillement de son enfance lui permettront de ventiler son âme. Plus tard, au carrefour des contrariétés de la vie et des réclamations de l’esprit, la main du masseur ressuscitera ce potentiel originel.
Auteur :
Pierre Buron
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