Édition – Octobre 2003
Robert a recommandé à Michel d’aller faire un tour chez le massothérapeute. Michel pratique des sports extrêmes : descente de rapides en canot, delta-plane, parachute… Il aime avoir des sensations fortes. Il a dit à son ami : “C’est bien parce que c’est toi qui me le suggères, parce que tu sais moi les minouchages et le patchouli, je ne vois pas trop en quoi cela peut m’aider.” Michel m’avoue dès le départ, en répondant aux questions pour sa fiche, que la santé ça va, tant qu’on ne s’y arrête pas trop. Mes questions anodines lui demandent pourtant un effort particulier. Il contourne les questions qui le confondent mais ce n’est que le début d’une conversation, pour le moins, révélatrice.
On passe à la table
Michel est confortablement allongé, mais semble nerveux. L’aventurier veut-il me raconter toutes ses péripéties ou seulement tromper le silence ? En dispersant le point de tension “kan yu”, le relâchement déclenche l’habituel léger spasme. Son “ouch” n’était que l’effet surprise, l’incitant à laisser libre cours à sa respiration et pour se faire, garder le silence. Son corps continue, pour autant, à parler de plus bel. Son corps est ici, sous mes mains, mais dans sa tête, il voudrait être partout et nulle part. Michel est pourtant au bon endroit, même si c’est son ami qui lui avait recommandé de venir me voir…C’est “lui” qui a décidé d’aller se faire masser.
Le corps de Michel est comme un champ de mines. Il a amorcé, avec le temps, toutes sortes de réflexes pour tromper la fatigue des longues heures de travail devant l’ordinateur, ses problèmes financiers et ses conflits relationnels. Son choix, évacuer la pression par la pratique de sports extrêmes. En réalité cela fragilisait l’équilibre et l’harmonisation de son corps. D’abord le “kan yu” sur le méridien de la vessie et son ongle incarné me confirme un foie en mauvaise condition. Ses mains me disent que ses poumons son fatigués et le bas de son dos est épuisé par des changements brusques de comportements. Les raideurs musculaires font que la circulation sanguine stagne. Les jambes s’affaiblissent parce qu’elles doivent constamment compenser. Ainsi de suite, pendant plus d’une heure, le corps a parlé et manifesté : “Pourquoi j’ai mis tant de temps à décider de me faire masser”. Les mains rassurent. Le corps a vite compris que chacune de ses parties était gorgée de sensations, de notes de musique, de couleurs, de frémissements. A-t-il saisi qu’il n’avait qu’à écouter ses sens s’épanouir, sans comparer, sans performer ?
Saveurs et valeurs
Après le massage, pendant que je note mes observations ainsi que ses réactions sur sa fiche, Michel a peu de mots pour exprimer ses sensations. Ce qu’il ressent d’abord, c’est une impression de grand ménage. La deuxième fois qu’il se fait masser, il veut tout savoir sur ma technique. “N’y a-t-il pas un livre, à ce sujet, que je pourrais consulter d’ici le prochain massage.”
Attention la tête ! Elle veut dominer. Elle est jalouse du seul sens qui ne lui appartient pas. Je lui souligne que, ce qui est probablement venu à bout de sa résistance, c’est de ressentir. Habiter chaque sensation, avec émotion, avec sensibilité. Le corps exprime, progressivement, ce qu’il a accumulé, ce qu’il désire. Devrais-je dire, ce que LES CORPS désirent, le corps physique, mental, éthérique, causal et spirituel. Et si ces corps m’accordent cette permission, on procédera sans intentions autres qu’accéder au bien- être, à la détente. Pendant le troisième rendez-vous, Michel exprime ses dispositions. Il ne veut plus se faire bousculer. Il veut répondre à ses besoins d’abord. Il se doute bien que son corps possède toutes les ressources pour retrouver son équilibre. Il ne souhaite plus évacuer ses angoisses par des vertiges toxiques. À chaque jour, patiemment, il a choisi : de se rapprocher de lui-même, de connaître l’immensité de son propre univers. Actuellement, il s’imprègne de MASSAGE EXTRÊME !
Auteur :
Pierre Buron
514-266-6755
massageheza@gmail.com
www.massageheza.com