Édition – Septembre 2012
Monique a offert une carte cadeau pour un massage à sa soeur. Micheline est dépressive. Cela lui paraît insensé de se faire secouer la carcasse pendant que son cerveau manifeste toutes sortes de préoccupations. Tout va trop vite autour d’elle et il lui semble que tout contact serait envahissant. Pourtant, une habituée du massage laisserait défiler ce bavardage, parce qu´elle sait trop bien que ces déchets mentaux se dissiperaient aussi vite qu´ils tenteraient de s´imposer.
Micheline se dit trop épuisée pour se rendre chez le masseur. Sa soeur lui reproche d’avaler la camelote sédative de sa naturopathe. Elle considère aussi que ses traitements de psy, focalisant sur le surmenage, intensifient sa profonde fatigue mentale, alors que le massage interviendrait subtilement au niveau des sens. Ce qui lui permettrait de réintégrer son corps, de revenir à l´essentiel… son bien-être.
Quelques semaines plus tard, Monique, sous prétexte d’avoir affaire près du studio de massage, a amené sa soeur, honorer son cadeau. Micheline n’avait qu’une seule préoccupation. Vais- je retrouver une certaine vigueur après le massage? Monsieur le masseur allez-vous me guérir? – Non Micheline, je ne guéris personne. Ce n´est pas pour guérir qu´une personne accepte de se faire masser, c´est pour se donner de l´espace, du temps pour soi, là dans l´instant présent. Je vois dans son regard une grande déception, puis elle me dit, en plaçant ses mains sur sa tête. – Avant c’était mon coiffeur qui me réconfortait, me dit-elle. Puis ce fut ma psy. Je me retrouve toujours à me faire jouer dans la tête, alors oubliez le massage du crâne, s.v.p.
Organisation organique
Le métabolisme de Micheline est peut-être confus, mais il n’est pas intoxiqué. En toute vraisemblance, elle ne fume pas et n’abuse pas de l’alcool. Une approche physique et énergétique impulsera un mouvement d´ouverture de son inconscient. Il faut d´abord diminuer la pression, par un contact apaisant mais énergique, au niveau des omoplates et de la nuque, éveiller et équilibrer les réseaux neuronaux par un shiatsu du dos, libérer les tensions et les contractures de l’épaule et du bras. Ainsi, la stimulation sensorielle inversera le processus physiologique d’oppression. Le blocage émotionnel qui engendre la perturbation énergétique se dissipera progressivement.
Pour la personne qui a déjà cultivé l’expérience du massage, la réaction se fera instantanément, car le système nerveux reconnaît cette sensation de détente et recherche cette qualité de libre circulation magnétique et fluidique qui se détermine au niveau cellulaire.
L’influence organique a un impact majeur sur la faculté mentale. Le corps de Micheline ne respecte plus l’organisation des systèmes organiques à partir du système nerveux central. Ils sont pourtant reliés, même dans la tourmente ; l´allergie respiratoire est le résultat d´une réaction excessive du système immunitaire, comme l’insuffisance hépatique engendre les douleurs articulaires, ou une mauvaise digestion entraîne des problèmes d’élimination. Finalement, le dépressif a souvent toutes les maladies et aucune d´entre elles.
Les aspects physiques démontrent la détresse du corps. Celle-ci peut correspondre aux épreuves du coeur comme de l’âme. C’est la vie qui bat, dans un environnement déterminé avec ses acteurs, leur énergie et les sensations immédiates. Le mal de vivre, comme le mieux-être, c’est une affaire de chimie. L’équilibre organique génère cette bonne chimie et améliore notre perception, nos sens, notre sensibilité et nous écarte de l’hypersensibilité.
Micheline est étonnée de cette subite sensation de bien-être. Elle l’exprime ainsi: “Je veux retrouver ma confiance et ma capacité à me situer dans un environnement qui me convient avec des gens que j’apprécie.” Cet éclair de lucidité s’explique parce que son corps reconnaît les bienfaits reçus. Mais, attention, dans une heure ce sera une autre réalité. Bien que je puisse diminuer les congestions superficielles, les stigmates profonds demanderont plus de temps.
Je vais travailler là-dessus, me dit-elle. – Justement pas! Que je lui réplique. Vous allez prendre soin de vous parce que vous vous appréciez, et non parce que vous vous considérez comme malade. Je me plais à cultiver les moyens nécessaires à atteindre mon confort selon mes valeurs. Cela est une vérité physique alors que l’aspect psychologique est une interprétation. Penser à moi, penser à mon corps n’est pas un acte thérapeutique, ni intellectuel. C’est un sentiment de considération intime, personnel. Je m’amuse à inventer les moyens de me soulager, de recevoir de l’affection, d’éprouver du plaisir. Je peux apprécier la valeur d’un cadeau aussi judicieux qu’un massage.
Auteur :
Pierre Buron
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