Édition – Octobre 2009
Caro considère que devenir la mère parfaite est une tâche épuisante et contraignante. Elle estime que la dévotion comme l´abnégation maternelle à outrance sont incompatibles avec le fait de mener une vie saine. Aussi constate-t-elle, que pour donner le meilleur de soi en tant que mère, il est important de s´accorder des moments, exclusivement pour soi. Ne sommes-nous pas souvent aux prises avec des messages contradictoires? D´un côté la vulnérabilité aux pressions sociales qui nous incitent à nous conformer, et de l´autre côté, la résistance aux consignes, en manifestant sa vraie nature. D´un côté les tâches ménagères, les devoirs imposés et sa disponibilité aux sollicitations, et de l´autre, l´abandon corporel, le désir du confort physique et intellectuel.
Depuis la naissance de ces deux enfants, Caro trouve le quotidien exténuant. Elle se plaint d´avoir pris un coup de vieux. Sa fixation sur le corps est devenue une obsession, au point d´irriter son conjoint. -Au début, notre vision romantique du couple accommodait tout. Maintenant, malgré notre sincère et profond engagement, les contrariétés et la fluctuation de nos états d´âme ébranlent notre confiance en soi.
Caro trouve les moindres remarques, désobligeantes. Elle a aussi cette sensation de manquer d´espace, de ne pas trouver de moments à elle. -Ma voisine m´a conseillé sa psychoune, dit Caro. Quand elle me parle de sa psychoune, j´ai l´impression qu´elle me parle de quelqu´un qui barbote son temps précieux, en bavardant, pour déterminer s´il est convenable de me moucher avec mes lunettes ou me coucher avec mon pyjama. Alors, imaginez comment une thérapie de couple, pour moi, est d´un ridicule achevé. Z´avez qu´à regarder l´allure de la thérapoune qui écoute distraitement ce qui vous turlupine et qui structure des réponses aux questions dénuées de sens. Comment voulez-vous qu´on s´y retrouve à deux, quand on a de la difficulté à s´y retrouver soi-même. La thérapie de couple, c´est comme apprendre à avaler ce que naturellement vous vomissez. Un plan de traitement en trois phases, avait dit la psychoune à ma voisine. Quelle prétention, et surtout quelle incompréhension de l´être humain, de penser qu´on puisse rétablir tout le monde en appliquant un plan élaboré sur des généralités. Je voulais du concret. Eureka! Il y avait le massage énergétique.
Et me voilà, en chair et en os! Qu´est-ce que je demande moi? Mais, de me faire toucher, bon sang! Avoir de la tendresse, sans être obligé de tout remettre en double et en triple. Suis-je capable de me délecter de corps et d´esprit? Ne suis-je pas la première concernée par les fluctuations sensitives de mes aspirations? Sinon, comment advient l´intuition féminine? Comment croire à la communication extrasensorielle, si la communication sensorielle est éteinte?
Simulation ou stimulation
Christine aime bien son petit Olivier, sauf quand il est tendu et braillard. Les tensions viendraient-elles parfois de la mère? Christine hurlerait bien un bon coup, quand l´autre, la plus vieille, fait des siennes alors qu´elle est occupée à donner le bain au plus jeune. Cette fois-ci, Olivier a la diarrhée. Souvent chez le jeune enfant, la diarrhée est bénigne et due à un problème alimentaire : trop de protéines, de fibres ou de jus de fruits. Ne vous inquiétez pas, un régime alimentaire approprié va tout remettre en bon ordre. Et souvent, le riz et la banane écrasée vont rétablir un transit intestinal, le temps de le dire. Élise trouve pourtant qu´il a le teint vert, mais je lui souligne qu´il a tout simplement un nom prédestiné. -Heureusement que je suis habituée à vos taquineries, me dit Élise.
Ce n´est pas tant les mots que l´attitude dans la communication qui vous ramène à l´instant présent. La communication tactile est de loin la meilleure méthode pour effacer le surmenage cérébral, parce qu´elle permet l´évacuation. Ce que manger, écouter de la musique, ou regarder un film ne parviennent rarement à faire sans encombrements mentaux. Le plaisir noble de percevoir par le toucher, vient désamorcer cet état pénible causé par l´inquiétude; cette incertitude engendrée par un sentiment de pénurie et par la conviction profonde que nous nous trompons et que les conséquences nous menacent. (Lire : Massage de Fantômes) Et puis, contrairement aux autres formes de thérapie, il ne s´agit pas de solliciter le cerveau qui souffre précisément de débordements. Christine m´explique sa raison première : -Un massage, c´est moi avec moi, ici, maintenant. Je reçois, je rentre à la maison sereine, et retrouve la petite famille moins agitée. Ça marche, et cela contribue à mon accomplissement. N´est-ce pas là, une réplique hardie contre la dictature de la raison.
Avoir du sens
La jeune fille de Christine, exaspérée par les jérémiades de sa mère, lui a dit : Maman, va donc te faire masser! C´est trop vrai, s´est-elle dit. -Il n´y a rien de mieux que le massage pour se sentir réconfortée rapidement. J´étais contente d´avoir développé cette saine habitude par le passé.
À peine arrivé sur la table, Christine veut encore parlementer. – Mais comment faites-vous, le masseur? Il me semble paradoxal que certaines parties de mon corps soient dépourvues d´énergie et, à la fois, tendues. – Je crois, Christine que le massage aide à déceler vos tensions (et non les triturer) et remettre en marche les capacités fulgurantes de votre vigueur, c´est-à-dire, votre énergie sexuelle comme vos forces mentales. On interprète souvent le manque de tonus comme étant des tensions, alors qu´il s´agit de résistance, mauvaise circulation et fatigue. Le massage explore les solutions qui vous satisfont le mieux et ne s´acharne pas à galvaniser vos problèmes.
L´introspection de Christine passe par les sens, alors que Caro en est à l´acceptation de l´agrément pour faire disparaître son insolence à l´égard de son corps. Sur les deux niveaux, nous interrogeons les récepteurs sensoriels pour élaborer une conscience du comportement. Ce phénomène psychophysiologique est essentiel à l´émancipation et surtout à la désaliénation.
Christine retombe quelquefois dans les complaintes faciles. Ce réflexe nunuche où un bobo correspond à une seule cause, comme un virus, un aliment malsain, un nébuleux stress, une tumeur. Lorsqu´elle décolle de cette fixation, le phare s´allume. (lire : Il est gonflé ce masseur!) En accueillant différents types de toucher, le corps sait demeurer attentif aux nuances des sensations tactiles. Il cherche à animer et équilibrer son système nerveux pour rendre cohérent son système endocrinien. Ceux-ci assurent ensemble la coordination des fonctions de tous les systèmes du corps. Christine a toujours en mémoire, ce merveilleux souvenir des séances d´haptonomie, c´est-à-dire la communication de la main et du foetus. Il s´agissait à l´époque de communiquer avec l´autre moi. Aujourd´hui, c´est le toucher de l´autre qui simplifie la perception du Moi. Cela a consolidé la prévoyante habitude de nourrir ses réflexes tactiles. Même si les effets de l´activation du système nerveux sont de courte durée, ils provoquent une augmentation progressive de l´activité du système endocrinien. Rappelons- nous que les glandes du système endocrinien sécrètent, dans la circulation sanguine, les hormones qui contribuent à réguler l´équilibre énergétique et le rythme circadien, ainsi que certaines activités du système immunitaire et le fonctionnement du système reproducteur.
Nos deux mamans savent qu´il n´en tient qu´à elles de retrouver leur perceptibilité, leur finesse, leur inspiration. Elles ont le plein pouvoir de juger ce qui les satisfait pleinement et d´arrêter toutes formes de gêne et de honte. Le corps qui accepte de recevoir les bonnes énergies sait disperser les mauvaises et se donne les meilleures chances d´exprimer la vie.
Auteur :
Pierre Buron
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